vendredi 24 janvier 2020

UN BOUT D'HISTOIRE DE MON VILLAGE .... CHEVERNY (LOIR ET CHER)

Un bout d'histoire de Cheverny




      Drôles et Drôlières ; j'allons vous conter un bout d'histouaire de noute commune de Chouarny d'hier à nos jours.


     On est là sur c'te place où se trouve noute Eglise Saint Etienne, vous avez sous vos pieds un ancien cimetière.

     C'est en 1628 que la peste noire a décimé plus de 60% de la population de la commune de Cheverny. La pénurie de cercueil, devant le nombre important de morts face à cette pandémie, fit que les morts furent placés en fosse commune à cet endroit. 

    Puis pour aggraver le désastre, une invasion de loups tenaillés par la faim, parcoururent la campagne en meute et décimèrent le cheptel composant les fermes environnantes en dévorant, chieuves (chèvres), piaules (moutons), et oui-ouisses (oies), ce qui provoqua la famine dans toute la région.

     Plus près de nous, en 1923, CHEVERNY était peuplé de 1.290 habitants. Aujourd'hui il ne reste plus que 1032 habitants (au dernier recensement et au moment de la création de cette épisode de vie). Il y avait avant la guerre 1939-1945, 27 commerçants et artisans dans le bourg. Il n'en reste aujourd'hui plus que 5. Il y avait l'épicerie de Mme VEYRAC, de l'autre côté la droguerie-épicerie tenue par Mme CAPLAN la sœur de Martial LEVEAU et son mari peintre. Plus loin un bourrelier, M. HUBERT, son voisin, un tonnelier, M. FILLIATRE.
     Sur la place de l'Eglise il y avait le Bouif (cordonnier), M. BIAUNIER. Au bout de la rue du Bûcher il y avait la vinaigrerie. Les bâtiments de l'école étaient à l'époque une briqueterie, on voit encore aujourd'hui les trous d'aération sur le pignon, face au parking du château, où se trouve la salle des Fêtes, l'endroit où les briques séchaient avant la cuisson, et au fond de la cour, se trouvaient les fours qui servaient à la cuisson des briques ; c'était la briqueterie BOURBON, très connue à cette époque.

   Le parking était l'ancienne carrière d'où l'on tirait la tourbe qui servait à confectionner les briques.

    En face, la ferme de M. RIBOULET, puis ensuite celle de M. BEZEAULT. Cette ferme était le rendez-vous des habitants du bourg qui venaient matin et soir chercher le lait frais, les légumes, les œufs, etc... Plus loin une épicerie Tabac tenue par Mme LECOINTRE et où se trouvait au fond du couloir la Régie tenue par Mme POITOU. Les vignerons venaient chercher leur congé pour transporter l'eau de vie distillée par M. DURAND et M. DAVAUD, les "Bouilleu's d'crus". Dans ce bâtiment se trouvaient une entrepris de pépiniériste tenue par les Frères DUCOLOMBIER. Puis, plus loin, un magasin de modiste tenu par Mme BIGOT et devenu de nos jours le syndicat d'initiative. Puis plus loin encore un menuisier charpentier, M. GUILLOT, "l'octroi" la perception de l'époque et devenu depuis le restaurant "Le Grand Chancelier". ensuite un fumiste, M. BOERI, aujourd'hui la Maison des vins de Cheverny. Plus loin encore, un maréchal ferrant, M. COSSON, qui était équipé d'un "tour" pour ferrer les bœufs.
     Pendant la guerre, au fond de la rue, une auberge tenue par M. LEMOUI, un charron M. GARE, un forgeron M. DUGOT, un couvreur M. LERIOT, un maçon M. LECLERC, un plombier M. SINET et une couturière Mme SINET.  
    
    Il fut créé une mairie. A cette époque le Maire n'était pas élu par élection mais désigné par le Préfet qui lui adjoignait deux assesseurs. La Mairie d'aujourd'hui se trouve dans l'ancien presbytère, derrière l'église.

    
L'Eglise Saint Etienne, patron de la paroisse, a une histoire vécue. Il y avait à Cheverny un prêtre, l'Abbé JANVIER et un Suisse, appelé plus communément le bedeau, ce bedeau dénommé "Popaul" par les paroissiens, était désigné, entre autre, pour sonner les cloches de l'Eglise, l'angélus et le tocsin. Bien que très brave, celui-ci avait un penchant irrésistible pour apprécier le vin de messe de M. le Curé ; après prélevé sa ration habituelle il complétait la bouteille avec du vieux vin. Le curé trouvait son vin de messe de plus en plus mauvais et s'en fut se plaindre au vigneron qui lui fournissait son vin de messe. Celui-ci surpris de cette remarque lui assura que le vin livré était toujours de la même cuvée. La  supercherie était flagrante et un doute s'insinua dans l'esprit du curé qui fit une marque discrète pour contrôler le niveau de la bouteille. Quelques jours passèrent et un Dimanche il s'aperçut que le niveau avait changé, non par la marque décalée qu'il avait inscrite mais par le volume qui n'était plus le même.

     Il ne dit rien mais mit dans sa bouteille un puissant purgatif. La veille de Pâques, le jour de la grande messe, le pauvre bedeau s'absentait souvent pour se ruer aux toilettes victime du purgatif mélangé au vin de messe. Les fidèles qui assistaient à la messe se posèrent des questions sur le remue ménage provoqué par les allers-retours du pauvre "Popaul". Le père JANVIER monta en chaire et conta l'histoire du pauvre bedeau qui retint la leçon et ne toucha plus jamais au vin de messe.
     
     
L'Eglise Saint Etienne (12ème et 16ème siècle) est munie d'un caquetoire original (endroit abrité où se réunissaient les fidèles après la messe pour bavarder). A l'intérieur de l'église sont installés des bancs, dans des box ou prétoires. A l'époque chaque paroissien avait son nom inscrit sur un banc. Il s'installait toujours à la même place.
     la Saint Etienne se fêtait le 26 décembre. Presque tous les habitants étaient présents, il y avait la messe et les vêpres. Le pain offert par les châtelains etait béni. L'enfant de cœur allumait les bougies, c'était féerique et à ce moment la M. DELASSALE, un grand paroissien accompagné des enfants entonnait :

Grand Saint Etienne de Cheverny ...
A notre foi chrétienne ...
Nous resterons soumis ...

Et accompagné en musique par Mme PEZE à l’harmonium.
     La messe réunissait les plus pieux, le pain béni était distribué à la sortie, ensuite les hommes allaient prendre un verre dans les cafés ; suivant la tendance de chacun ; les uns allaient dans le troquet dit "rouge ou blanc" selon les idées politiques de chacun des habitants. De nos jours peu de choses ont changé.

     Pour les enterrements, le corbillard était tiré par le cheval blanc de Jules POMMIER. Le cheval était paré d'un drap noir et blanc muni de 45 cordons tenus par la famille et les amis(es) du défunt(e). Il y avait trois sortes de cérémonies ; une normale pour les gens du peuple, une avec tentures dans l'église pour les plus aisés et une troisième, dite de 1ère classe pour les plus riches avec un supplément de tentures dans l'église et sous le caquetoire.

    Il y avait aussi une école publique composée de 3 classes qui a disparu dans les années 1985. Une école libre résiste toujours.
   Dans l'école publique nous avions une maternelle, dirigée par Mlle HERVE qui était très sévère, racontait-on. Elle donnait des coups de règle en fer sur le bout des doigts des élèves indisciplinés. Une classe préparatoire dirigée par Mme MARTIN qui avait deux cours différents avec au moins une cinquantaine d'élèves. Puis une classe terminale dirigée par M. DEFIN où l'on passait le CEP à CONTRES. Notre école aujourd'hui a disparu, elle sert à toute autre chose qu'à enseigner. Les bâtiments très bien entretenus par les Municipalités qui se sont succédées, servent à des gîtes ruraux (dans une partie où se trouvait la cantine tenue par Mme RICHARD), une salle pour les réunions et les repas d'associations, dite Salle des Fêtes. 

    L'ancien préau des garçons sert de salle pour les SENIORS et le préau des filles sert de salle pour les cours de danse. Aujourd'hui il ne manquent que les têtes blondes pour réjouir les cœurs... Il faut se souvenir que les grandes vacances étaient en Août et septembre, que certains élèves avaient plus de 9 kms à faire à pieds pour rejoindre l'école, souvent trempés par la pluie ou les doigts rougis par le froid l'hiver ; il fallait mettre leurs vêtements à sécher autour d'un poêle à bois massif et assez haut qui se trouvait au fond de la classe pour tous nous réchauffer.

     Dans les jours les plus courts de l'année les élèves les plus éloignés quittaient l'école une heure avant les autres pour rentrer chez eux avant la nuit. Dans toutes les classes il y avait entre 30 à 55 élèves. Le 14 juillet et le 11 novembre les instituteurs accompagnés des enfants des écoles se rendaient au Monument aux Morts pour se recueillir et où ils chantaient à gorges déployées :

Ô ciel radieux tu t'élances ...
Gloire à ta sainte liberté ...
Étend tes ailes immenses ...
Sur la France et l'Humanité ...

     Après le défilé dans les rues de CHEVERNY, la cérémonie se terminait à l'école où l'on offrait aux enfants une brioche et un verre de limonade ... c'était le top.

     Nous avions un "vrai" boulanger, M. LOOS qui cuisant son pain au feu de bois où, à côté se trouvait la maison du garde champêtre, M. MARQUIS, un ancien militaire qui était amputé d'un bras. Il tambourinait dans les rues de Cheverny pour annoncer chaque événement : Une naissance, un mariage, une circulaire de la Mairie etc... en criant "Avis à la population". En même temps, avec son seul bras valide il battait du tambour. Aujourd'hui, il existe à cet endroit, un dépôt de pain, une épicerie et une crêperie.

   Chaque année, au moment de l’Ascension, se tenait l'assemblée du village, très importante dans la région, c'était un grand rassemblement où se tenait la "Louée" (personnes cherchant un emploi), on y trouvaient : Les Drôles, un fouet autour du cou qui cherchaient un emploi de charretier, un bâton de coudrier (noisetier) aiguisé pour les bouviers (gardiens de vaches), une pioche sur l'épaule pour les façonneurs, les drôlières portaient une queue de chèvre à la boutonnière pour un emploi de gardiennes de troupeaux de chieuves (chèvres), pour d'autre, un morceau de laine de piaule, pour les gardiens de moutons, pour les oui-ouisses (oies), un plumet d'oie à la main pour s'occuper des troupeaux d'oies et pour les bonniches, une balayette à la main. Les chercheurs de personnels venaient de très loin ; c'était une grande fête au village.

     Légende urbaine : En Sologne on appelait les Solognots, "Les ventres jaunes" ... pourquoi ! deux versions de l'époque pouvaient expliquer cette appellation, l'une dit : "Quand les drôles touchaient le "divertissoire" des drôlières, ils faisaient tomber, en s'agitant, des fleurs de genêts sur le ventre de ces dernières ; ce qui leur donnait un ventre jaune. Une autre version qui pourrait être la mieux adaptée disait, qu'au moyen âge, les gens cachaient leurs pièces d'or dans leur ceinture de flanelle, leur donnant par définition le ventre jaune. Mais aucun historien spécialisé ne corrobore ces affirmations et jusqu'à aujourd'hui on s'en tient à l'une ou l'autre des versions connues que l'on vient de citer.

      On ne peut quitter CHEVERNY sans parler de son château mondialement connu. Il fut construit en 1634 par l'architecte BOYER, de Blois et décoré des peintures de Jean MOSNIER.
   
      Il était à l'époque la propriété du Comte Philippe HURAULT (entre 1528 et 1599) né à Cheverny, magistrat et homme d'état. Chancelier de France sous Henri III et auteur de "Mémoire d'état". Il est aujourd'hui habité par son actuel propriétaire, le Marquis Charles Antoine de VIBRAYE et son épouse. 

Ce château suscita l'inspiration de l'écrivain dessinateur, HERGE, mondialement connu qui écrivit la célèbre bande dessinée des "Aventures de Tintin et Milou". Afin de trouver une demeure au Capitaine HADDOCK, comparse de Tintin, HERGE s'inspira du château e Cheverny en lui enlevant les deux ailes latérales et devint le château de "Moulinsart" habité par le Capitaine HADDOCK et son ami scientifique, le professeur Tournesol. 
      
     On visite aujourd'hui le château, le musée de Tintin et la salle des trophées le matin. On peut se restaurer soit au restaurant "Le grand Chancelier" ou à la pizzeria "Le Pinocchio" ou encore au restaurant "du Golf" à 1 Km de la sortie de Cheverny en allant vers Contres. L'après midi visite du parc en voiturettes électriques, puis ballade en barque à propulsion électrique sur la pièce d'eau pour s'arrêter visiter le superbe jardin botanique. 
       
    A 17 heures on peut assister à "La soupe des chiens" distribuée par le Maître de vénerie. Les chenils datant de 1850 abritent aujourd'hui une centaine de chiens de chasse à courre Anglo-Français tricolores issus d'un croisement entre Fox-Hound Anglais et poitevins français.

       Et voilà pour le moment, vous aurez ainsi appris une partie de l'histoire de noute  village de Chouarny.




                                                                            Récit Pierre DURAND



                                                             Mise en page et en ligne JME
      









































































      

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